Nous arrivons à Potosi directement après les merveilles d'Uyuni le soir de l'anniversaire de la fondation de la ville, c'est donc la fête dans les rues. Or la fondation de la ville correspond en fait à la découverte de la montagne qui la surplombe, le Cerro Rico, immense mine d'argent. On savait que la visite de celle-ci était controversée mais on a quand même tenté le coup...

La montagne est divisée en plusieurs centaines de mines, chacune gérée par une coopérative indépendante. Chaque coopérative reverse une partie des bénéfices à l'état, et peut en contre-partie exploiter la mine, et définir les conditions de travail de ses mineurs. Pour être membre d'une coopérative, les mineurs doivent travailler dans la mine depuis plus de 5 ans et donner un peu d'argent, bénéficiant ainsi d'une sorte de sécurité sociale/retraite. Les autres mineurs sont indépendants. En tout, entre 10000 et 15000 mineurs travaillent dans ces 500km de galeries.
Leur salaire est 100% déterminé par la quantité et la qualité de ce qu'ils extraient, mais aussi du cours de l'argent à ce moment là. D'une semaine à l'autre, il peut donc y avoir un facteur 10 entre leurs salaires.

Équipés de casque, lampe et masque, nous entrons dans une galerie avec deux guides anciens mineurs. Très rapidement on apprend à se coller contre les murs pour laisser passer les chariots vides (400kg) ou pleins (2 tonnes) poussés à la main par 2 mineurs ... Plus de la moitié du temps, on est courbés car les galeries sont trop basses.
Notre première rencontre est un homme épuisé/saoul poussant une brouette de cailloux, ça met dans l'ambiance. On croise ensuite un groupe de 3 mineurs assis dans les gravats et triant à la main et la frontale les débris de leur dernière explosion pour déterminer ceux contenant de l'argent. Entre temps, on marche sur des planches et on longe des gouffres de plusieurs dizaines de mètres. 
On s'arrête enfin avec un dernier groupe en train de faire un rituel demandant plus de minéraux et moins d'accidents, les mineurs étant très superstitieux. Pendant presque 1h, ils se passent donc une boisson à base d'alcool à 96%, la bouche pleine de feuilles de coca car ils ne mangent pas dans la mine. Plus les minutes passent, plus mon malaise s'agrandit ... Entre deux verres ils nous expliquent qu'ils travaillent 5 jours par semaine, 13 heures d'affilée dans la mine sans sortir.


Immense soulagement quand on sort de la mine au bout de 2h ... Contre-balancé par le choc et la tristesse de voir que Germinal, ça existe encore au 21e siècle. En moyenne, 14 mineurs meurent par mois à Potosi, d'éboulement ou maladie.
Et on considère qu'environ 50% de l'argent dans le monde provient de cette mine, cela fait regarder ses bijoux d'un œil bien différent.