Tout a commencé chez une famille de philippins de Tabuk qui m'avaient invité à passer chez eux via le site couchsurfing. Après nous avoir reçus avec le traditionnel café et un jackfruit frais du jardin (miam !), ils nous ont proposé d'aller voir leur famille habitant dans le petit village de Lubo au fin fond de la province Kalinga...


La première surprise fut la découverte du moyen de locomotion pour y aller : une vieille jeep de la fin de la 2e guerre mondiale, toute rouillée, qui roulait par on ne sait quel miracle, et remplie à raz-bord de familles, sacs, et poules. En avant pour 4 heures de piste, Jessika et Tavis sur le toit, et moi assise à l'avant juste au-dessus du moteur qui chauffait, on a du mettre des bâches pour ne pas que je me brûle ... Autant dire qu'on a vite compris pourquoi les gens du coins appellent ces véhicules les "dancing cars" !
Et parce que c'était trop facile, il a encore fallu marcher une heure pour atteindre le magnifique village de Lubo, logé entre les rizières en terrasse.

L'accueil que l'on a reçu une fois là-bas était tout simplement incroyable !
Les gens vivent de manière très simple : pas d'électricité (sisi ça existe encore ...), pas d'eau courante; ils dorment à même le sol tous dans la même pièce, ils cultivent leurs propres légumes et ne mangent quasiment pas de viande. Malgré cela, on a été reçus comme des princes partout on est passés, tous les gens qui nous ont invité à manger ont tué un poulet ou un porc pour l'occasion, on a même du diner 2 fois un soir car 2 familles nous ont invité ! 
Et ils étaient tous très avides de partager leur culture, et de découvrir la notre, les discussions étant facilitées par leur excellent niveau en anglais. On a adoré voir les enfants s'adapter petit à petit à nous, devenir moins timides, jusqu'à venir jouer avec nous sur les derniers jours.
On nous avait vanté l'hospitalité des Kalinga, et on n'a pas été déçus !

On ne devait rester initialement rester qu'une nuit, et on a finalement dormi 4 jours au village : on avait envie de rester et surtout les jeepneys ne passent pas tous les jours ...
Un des responsables du village nous a pris sous son aile et nous avons profité de ce temps pour passer du temps dans les villages alentours. On a notamment visité l'hôpital municipal et découvert la bamboolance : le lit en bambou sur lequel les hommes portent les malades les plus atteints (2h de marche) jusqu'à la jeepney qui les emmène en ville.
Tous les villages longent une très belle rivière, les heures de marche étaient donc un vrai plaisir pour les yeux, et les différents points d'eau une belle récompense pour se raffraîchir ! 

Les quelques jours passés à Lubo étaient formidables mais les personnes avec lesquelles on a discuté nous ont aussi rappelé que tout n'est pas aussi rose. La vie dans ces montagnes est dure est très physique, mais c'est surtout en sortir qui est compliqué. Les habitants ne gagnent en effet pas d'argent, et il leur est très compliqué de payer les éléments qu'ils ne peuvent pas produire (sucre, vaisselle ...) ou malheureusement les études supérieures des enfants.

Chaque jour nous a apporté son lot de surprises, et le retour n'a pas fait exception. Comme il n'y avait pas eu de jeep depuis 3 jours, elle était complètement surpeuplée. On s'est arrêtés à 5 reprises : 
 - On a du descendre une fois car la jeep était trop lourde pour monter une côte
 - On s'est arrêtés pour remforcer à l'aide de bûches le toit de la jeep qui manquait de s'écrouler sur les gens en dessous, car le toit était plein aussi (Jessika et moi étions dessus)
 - Puis 3 arrêts à cause d'une roue qui était cassée
Jessika, Tavis et moi avons fini le trajet dans la voiture de quelqu'un qui a accepté de faire plus d'une heure de détour car Tavis étit très malade et avait besoin de voir un docteur.


Je suis repartie super émue de Lubo, touchée par l'immense générosité des gens, et leur grande tolérance malgré les mondes qui nous séparent. C'est de loin l'expérience la plus marquante depuis le début de mon voyage, et un article n'est pas du tout suffisant pour tout raconter ... alors n'hésitez pas à venir me poser des questions ! J'en retiens de belles leçons que j'espère pouvoir appliquer quand je rentrerai.